Comme je l’explique ici, l’île de La Réunion est confrontée à des problèmes de gestion de populations d’insectes ravageurs de culture comme les mouches Tephritidae (plus d’informations, ici).
Ces mouches se développent au détriment des fruits et des légumes, le rôle du CIRAD de La Réunion (Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) est d’apporter des connaissances et de nouvelles méthodes de lutte plus efficaces et plus respectueuse pour l’environnement (« agro-écologie »).
C’est dans ce cadre que j’ai effectué mon stage de fin d’étude, au Pôle de Protection des Plantes, durant 6 mois (voir ici).
Présentation de mes travaux de recherche :
Mes études ont été menées à la fois par des observations in situ, directement en champs (voir photo), et par des expérimentations en laboratoire. Je vous en présente ici les résultats les plus intéressants.
– En champs, mes recherches ont consisté 1) à comprendre les dynamiques spatio-temporelles des mouches dans les parcelles de chouchou (Sechium adule) étudiées et les plantes périphériques. Pour cela, je devais observer et noter où se trouvaient les mouches Tephritides, les espèces, le sexe et le type de comportement (vol, repos, reproduction et alimentation) ; 2) estimer les dégâts sur la production provoqués par les mouches.
A la suite de mes observations, j’ai pu confirmer 1) l’existence de mouvements circadiens (jour-nuit) entre les plantes de bordures et la parcelle cultivée, 2) que les Tephritides passaient la nuit en dehors des cultures et ne s’alimentaient que sur des types de plantes particuliers comme le Bringellier (Solanum auriculatum), l’avocat marron (Litsea glutinosa), la belle de nuit (Mirabilis jalapa) ou la canne fourragère, 3) que les Tephritides passaient la journée sous les feuilles de chouchou et sur les fruits, 4) que les mouches ne provoquaient pas de dégâts sur les fruits de chouchou (déformation ou chute).
Pour ce dernier point, j’ai isolé des jeunes fruits de chouchou des mouches par un filet, puis j’ai suivi le développement de ces fruits pour le comparer à celui de fruits en contact des mouches et ayant subi des piqures (voir photo). C’est ainsi que j’ai pu mettre en évidence que les chutes et les déformations des fruits ne prenaient pas leur origine dans la présence des mouches Tephritides car aucun développement de larves ne semble se faire dans les fruits.
– En laboratoire, j’ai entrepris de mener des expérimentations pour confirmer cette constatation. J’ai donc fait pondre les 3 espèces de Tephritidae (B. cucurbitae, D. ciliatus et D. demmerezi) sur des fruits de chouchou de taille différente pour suivre le développement des larves.
Contre toutes attentes, cette expérimentation a mis en évidence que les larves de Tephritidae n’arrivaient pas à accomplir leur cycle de développement dans les fruits de chouchou. En effet, les larves meurent rapidement par incapacité à s’alimenter. Le fruit semble posséder un mécanisme de résistance à l’attaque des larves de mouches par un assèchement de la pulpe autour des oeufs et des larves formant une cavité sèche (voir photo).
– En conclusion, mes études ont apporté de nouvelles connaissances sur la biologie des mouches, de leurs interactions avec le chouchou (Sechium edule) et un nouveau regard sur la lutte des mouches. Les méthodes de lutte reposées dès lors sur l’épandage massif d’insecticides alimentaires sur les parcelles de chouchou. Malgré des traitements quasi journaliers, avec d’importantes conséquences écologiques, économiques et sanitaires, les effets étaient négligeables. En montrant que les mouches, ne s’alimentant pas sur les parcelles cultivées, vivant sous les feuilles, passant la nuit hors de la parcelle cultivée, n’étaient jamais en contact avec l’insecticide. Mon travail a donc permis de proposer l’utilisation d’une méthode de lutte plus agro-écologique, appelée « Push-Pull assisté », qui consiste à appliquer de petites doses d’insecticides alimentaires sur les plantes périphériques où les mouches s’alimentent et passent la nuit. Aussi, les fruits de chouchou n’étant pas un hôte favorable pour les Tephritides, la lutte doit se concentrer sur des parcelles de culture plus favorables aux mouches comme la courgette. Des essais ont été entrepris avant mon arrivée dans des parcelles de courgettes entourées de plants de maïs (espèce attirante pour les mouches). Des résultats encourageant sur la régulation des populations de mouches ont été obtenus avec cette méthodologie.