Pour la plupart des gens, les insectes sont de toutes petites bêtes qui courent, volent ou nagent autour de nous.
Or, quelques espèces présentent des mensurations dépassant largement celles de certains mammifères, oiseaux ou amphibiens!
Record de Longueur
Le record de longueur est détenu par un phase femelle de l’espèce Phobaeticus chani (famille des Phasmatidae) : 35,7cm de corps et 56,7cm avec les pattes (voir photo 1). Ce spécimen, offert au Muséum d’Histoire Naturelle de Londres par Datuk Chan Chew (photo), dont le nom a été donné à l’espèce, bat le précédent record de 2,5cm, détenu par une autre espèce du même genre : Phobaeticus kirbyi.
Décrit en 2008, seuls 3 spécimens (2 mâles et 1 femelle) ont été découverts à ce jour dans les forêt tropicales de l’île de Bornéo (état malaisien de Sabah). Vivant dans la canopée (cimes des arbres), son observation est extrêmement difficile. L’écologie et la biologie de cette espèce demeurent inconnues.
Ses oeufs présentent une caractéristiques uniques chez les insectes : deux excroissances aplaties formant des « ailes » situées de chaque coté dont le rôle est d’augmenter la portance lors de la chute après la ponte (photo 2). Ce mécanisme de dispersion par le vent (anémochorie) permet ainsi à l’oeuf de dériver dans l’air pour tomber loin de la zone de ponte, augmentant ainsi les chances de survie de la progéniture. De nombreuses espèces de végétaux, comme l’érable, le tilleul et le pin maritime, ont également développé l’anémochorie comme moyen de propagation.
Record de poids
Le record de poids revient à deux espèces de coléoptères : Titanus giganteus et Goliathus goliathus, des noms plus qu’évocateurs!
– Titanus giganteus, considérée comme le plus grand coléoptère du monde, est une espèce de la famille des Cerambycidae dont certains spécimens dépassent les 15cm. Le record est détenu par un mâles de 16,7cm : la taille d’un chihuahua! (voir photo 3).
Ces insectes se rencontrent dans les forêts tropicales d’Amérique du sud, et notamment au Brésil et en Guyane française. Sa taille exceptionnelle rend l’espèce prisée des collectionneurs provoquant ainsi sa disparition.
Sa biologie est peu connue : elle se rapprocherait de celle des autres espèces de la même famille. La larve se développe durant plusieurs années dans du bois en décomposition, l’adulte ne vivant quant à lui que quelques semaines sans s’alimenter le temps de se reproduire. Les adultes émergent durant la période la plus humide de l’année.
Les mâles, attirés par la lumière, constituent la grande majorité des captures. Il semblerait que les femelles soient plus grandes que les mâles comme pour les autres espèces de Cerambycidae, mais le faible nombre d’entres elles en collection ne permet pas de le démonter.
– Goliathus goliathus : est un coléoptère appartenant à la famille des cétoines (Cetoniidae), qui par son volume et son poids, est considéré comme l’insecte le plus lourd. Les adultes peuvent en effet atteindre près de 11cm pour les mâles et 8cm pour les femelles. La taille des larves reste le plus spectaculaire : 25cm de longueur et 100g, soit le poids de 3 souris domestiques (voir photo 4).
L’aire de répartition de l’espèce s’étend sur une bande équatoriale allant de l’Afrique de l’ouest à l’Afrique de l’est (Cameroun, République Centrafricaine, Congo, Kenya, Tanzanie, Ouganda).
Les mâles possèdent une excroissance caractéristique sur la tête, formant une « corne », dont ils se servent pour retourner leurs congénères lors des combats pour le reproduction. Leur cycle biologique est similaire à de nombreux coléoptères : les larves se développent dans de la matière végétale en décomposition durant plusieurs années, l’adulte ne vivant que quelques semaines pour se reproduire.
Une autre famille d’insectes, les Orthoptères, possède des espèces faisant parties des plus lourdes sur terre : les Weta de Nouvelle-Zélande. Ces espèces, ressemblant à des grillons, sont endémiques de cette région du monde, dont les plus grands spécimens peuvent atteindre près de 75mm et 45g. Pour découvrir ces insectes, je vous invite à lire cet article : Les Weta géants de Nouvelle-Zélande.
Record de surface alaire et d’envergure
Le record de la plus grande surface alaire revient à deux espèces de papillon de la famille des Saturniidae : Attacus atlas (voir photo 5) avec une envergure record de 26,2cm et Coscinocera hercules qui atteint les 27cm et 300cm2.
L’Attacus atlas est une espèce nocturne qui se rencontre dans les forêts tropicales et subtropicales de l’Asie du sud-est. La femelle pond des oeufs de 2,5mm et la chenille peut mesurer près de 11,5mm!
Le genre Attacus regroupe 20 espèces et sous-espèces aux motifs des ailes semblables. Un autre genre : Rothschildia, d’Amérique du sud, présente lui aussi un motif alaire similaire, dont l’espèce Rothschildia aurota est la plus grande de cette région du monde.
Coscinocera hercules est une espèces endémique de Nouvelle Guinée et du nord de l’Australie. Un spécimen femelle, capturé à Innisfail en 1948, mesurait 36cm d’envergure! La femelle meurt rapidement après avoir pondu une centaine d’oeufs sur plusieurs espèces de plantes-hôtes. La chenille, d’un bleu-vert, croît jusqu’à 10cm avant de se métamorphoser.
Cependant, le record d’envergure est décerné à deux autres espèces, l’une est nocturne et appartient à la famille des Erebidae : Thysania agrippina, dont l’envergure record a été mesurée à 28-29cm (photo 6). L’espèce se rencontre en Amérique du sud et centrale. La seconde : Ornithoptera alexandrae, est une espèce diurne de la famille des Papilionidae dont le record est de 31cm! (photo 7).
Ornithoptera alexandrae, connue de seulement deux localités d’une dizaine de kilomètre carrés du nord de la Papouasie-Nouvelle Guinée, est considérée comme l’une des espèces les plus rares du monde et en voie de disparition en raison de la destruction de son habitat (plantations de palmiers à huile).
A contrario, des insectes miniatures, à peine visible à oeil nu, côtoient ces géants des forêts tropicales.
Le record de la plus petite taille
Le record de la plus petite taille revient à une espèce de guêpe parasitoïde (qui se développe dans les oeufs d’autres insectes) de la famille des Mymaridae : Dicopomorpha echmepterygis.
Découverts au Costa Rica en 1997, les mâles de cette espèce, aptères et aveugles, ne mesurent que 0,139mm, le diamètre d’un cheveux! (voir photo 8). Les femelles, 40% plus grande que les mâles, pondent dans des oeufs de l’espèce Echmepteryx hageni (Psocoptères de la famille des Lepidopsocidae).
Le plus surprenant chez cet insecte, est que l’ensemble de ces organes de la reproduction, de la digestion et de la respiration sont situés dans un abdomen dont la taille est plus petite qu’une paramécie, un organisme unicellulaire!
Quelques chiffres
Le phasme Phobaeticus chani, avec ces 56,7cm est ainsi 4080 fois plus long que la guêpe Dicopomorpha echmepterygis, le plus petit insecte du monde.
A titre de comparaison, le plus grand mammifère terrestre, l’éléphant d’Afrique (Loxodonta africana) avec ces 5,5m de longueur, n’est que 170 fois plus long que le plus petit (3,3cm) : la chauve-souris bourdon (Craseomycteris thonglongyai) qui se rencontre en Thaïlande.
Un rapport bien loin de celui existant chez les insectes!
En considérant la baleine bleue (Balaneoptera musculus), le plus grand animal de tous les temps (35m), le rapport n’est là aussi que de 1170 : soit 3,5 fois plus faible!
Un rapport de 4080 appliquée à la chauve-souris bourdon (3,3cm) équivaudrait à une taille de 134m du plus gros mammifères.