Où se procurer des colonies? – Comment les nourrir? – Quelle espèce choisir?
Avant de se procurer une colonie, il est nécessaire de posséder le nid qui abritera les fourmis. Je vous présente une méthode pour vous en construire une fourmilière artificielle ici. Il vous faut également connaître les fondamentaux sur leur biologie et leur écologie. Vous trouverez ces informations ici.
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Où se procurer des colonies?
Il existe plusieurs moyens de se procurer des colonies.
1) – la première méthode consiste à prélever une reine fécondée dans la nature. C’est la méthode la plus naturelle et respectueuse de l’environnement. Elle demande cependant un peu de temps avant d’avoir ces premières ouvrières et un peu de pratique. Le plus difficile étant de trouver une reine!
Rappel : pour se reproduire, les fourmis émettent lors d’essaimages des mâles et des femelles ailés qui s’accouplent en vol. La reine, une fois fécondée, tombe sur le sol, perd ces ailes et se met à la recherche d’une cavité où se cacher. C’est à ce moment la que l’on peut les récolter. Les périodes d’essaimage varient selon les espèces, elles s’étalent du printemps à l’automne, il est donc nécessaire de se renseigner au préalable. Me contacter pour avoir ce genre d’informations et des conseils.
Une fois la reine en main, il s’agit de la placer dans un endroit qui lui offre calme, humidité et obscurité. 2 possibilités : Soit on utilise un petit bloc de béton cellulaire (voir cet article), soit un tube à essai en verre. Dans le premier cas, le but est de construire un mini nid constitué d’une chambre comme je l’explique dans l’article dédié (voir photo). Pour le second, le tube à essai doit fournir l’humidité, pour cela, de l’eau sera emprisonnée par un coton placé au milieu (voir photo). Même si la reine ne s’alimente pas jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières, elle a les réserves nutritives suffisantes. Il est toutefois nécessaire, dans les 2 cas, de laisser un passage vers l’extérieur permettant aux jeunes ouvrières de sortir chercher de la nourriture. Pour augmenter les chances de réussite, j’apporte, à l’aide d’une seringue, un peu de ressources nutritives à la reine durant cette période. J’utilise du miel dilué dans de l’eau, fournissant glucides, sels minéraux et de l’eau. Une fois les premières ouvrières apparues, la colonie devient autonome.
2) – La seconde méthode est de se procurer une colonie déjà existante dans la nature en la déterrant. En plus des difficultés techniques que cela représente, certaines fourmilières peuvent se trouver à plusieurs dizaines de centimètres, voir plus! l’obstacle majeur est de repérer la reine parmi les ouvrières et les morceaux de terre. Sans elle, la colonie ne peut survivre. Je trouve que cette pratique est plutôt néfaste car des colonies en bonne santé sont détruites, surtout si l’on est obligé de détruire plusieurs colonies avant de trouver une reine. Une fois l’ensemble de la colonie collectée, et que vous avez un nid près à être habité et humidifié, vous déposez le tout dans l’aire de chasse. Les fourmis vont se mettre à la recherche d’un endroit qui leur convient et vont donc rapidement rentrer dans le nid en béton cellulaire. La colonie va se calmer rapidement, s’organiser et reprendre ces activités. Il vous sera dès lors possible de les observer et de les nourrir.
3) – La troisième méthode est la plus simple et la plus rapide. Il s’agit d’acheter une colonie auprès d’un vendeur, oui, cela existe! Elle permet de choisir son espèce facilement, la taille de la colonie, la période à laquelle on souhaite débuter et n’a pas d’impact négatif sur l’environnement. Plusieurs sociétés proposent des colonies, mais aussi des nids en kit et tout autre matériel pour l’élevage de fourmis (aliment, tube, aire de chasse, décors…). Exemples de sites proposant des fourmilières à la vente : ici.
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Comment les nourrir?
Les fourmis sont pour la grande majorité des espèces omnivores, ce qui facilite leur nourrissage. Pour faire simple, les fourmis puisent leur énergie nutritive dans les glucides (les adultes) et les protéines (les larves), d’origine végétale et/ou animale.
Dans la nature, les fourmis trouvent leur principale source de glucides dans le miellat que sécrètent les pucerons. C’est pourquoi, les fourmis élèvent et protègent les populations de pucerons sur les plantes. Pour ma part, je dilue du miel à de l’eau que je distribue à l’aide d’une seringue dans un petit abreuvoir prévu à cet effet (voir photo). Je peux ainsi maitriser la quantité donnée et le nettoyage du récipient. Attention à ne pas distribuer une trop grande quantité en une seule fois pour éviter les noyades. Je préfère donner du miel par petites quantités régulièrement que trop d’un coup. A savoir : les fourmis ont la capacité à stocker dans leur abdomen le surplus de miel. Elles peuvent donc ne rien recevoir durant plusieurs jours facilement.
Les larves, pour accomplir leur développement, nécessitent plus d’énergie, d’où la consommation de protéines. Il y a les espèces dites opportunistes ou généralistes, qui consomment aussi bien de la matière végétale qu’animale, et des espèces dites spécialisées, qui consomment un ou certains types de nourriture spécifiques. Pour toutes mes espèces, les insectes et notamment les mouches, sont des proies très prisées. Les proies fraiches, non vivantes, sont privilégiées. Pour neutraliser les proies, soit on écrase un peu les mouches, soit un passage au congélateur peut faire l’affaire. Cette deuxième technique ayant l’avantage de tuer parasites et acariens pouvant se développer dans la colonie.
Après, il peut être amusant d’essayer d’autres sources de nourriture, d’expérimenter soit même ce que préfèrent vos pensionnaires. Ainsi, la confiture, le poulet, le jaune d’oeuf sont aliments qu’elles affectionnent.
Certaines espèces comme les Messor sp. sont plutôt granivores. C’est à dire qu’elles préfèrent les matières végétales, notamment les graines, mais aussi le pain, le son, les fruits. Des petits insectes de temps en temps sont largement possible! Ces fourmis ont la particularité de constituer un grenier pour stocker des réserves de nourriture.
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Quelle espèce choisir?
Le choix de l’espèce doit se faire sur le niveau de difficulté d’élevage que demande telle ou telle espèce. Des espèces demandent plus ou moins d’attention, des conditions d’humidité, de température et alimentaires plus ou moins précises et spécifiques.
Il est conseillé de débuter par des espèces faciles, ne demandant pas trop de conditions particulières et d’entretien. Les espèces comme Lasius niger, Lasius emarginatus ou encore Tetramorium caespitum sont de bonnes candidates. Ce sont des espèces qui sont communes dans nos jardins et qui sont omnivores. Elles se développent rapidement et deviennent vite très nombreuses.
Aussi, l’espèce Messor barbarus est également un bon choix. Elle est facile à élever (se nourrie de graines) mais demande tout de même une température au dessus de 20°C pour un bon développement. Elle est intéressante car les ouvrières sont polymorphes (morphologie différente) avec présence de 3 castes (minor, media et major).
Je reste, bien évidemment, à votre disposition pour toutes interrogations, demande de conseil, d’astuce ou/et d’expertise. N’hésitez pas à me contacter ici. Au plaisir de vous lire et de vous aider!
Je vous propose d’aller voir ce site : myrmecofourmis.org, un site et un forum dédiés à la Myrmécologie (science des fourmis), vous pourrez y trouver toutes les informations concernant l’élevage des fourmis et d’échanger avec d’autres passionnés.
Recommandation d’ouvrages sur cette thématique :
– Fourmis de France, de Belgique et du Luxembourg
– L’incroyable instinct des fourmis : De la culture du champignon à la civilisation
L’annuaire n’existe plus pour les sites de vente de fourmis, dommage, mais si cela vous intéresse, vous pouvez consulter cette boutique pour acheter des fourmis et des fourmilières : https://fourmiculture.com